En partant de l'analogie entre la création littéraire et la fécondité que nous trouvons chez Levinas tout comme chez Bloch, nous voudrions appliquer cette définition de l'œuvre a la littérature (malgré le statut ambigu de l'art et de la littérature dans l'ensemble de la pensée de Levinas) et interroger dans cet exposé la place de l'œuvre d'art littéraire dans la praxis humaine en général. Si l'œuvre, a la manière de la temporalité de la fécondité, agit pour l'avenir, pour des choses lointaines et non seulement pour des possibilités existant en fait, la question se pose ce qu'il en est de l'activité / passivité, de même que de la présence / absence de l'écrivain dans son œuvre qui le survit.
Une telle approche de la littérature basée sur la praxis et la temporalité de l'œuvre indiquera enfin les échos entre la conception levinassienne de l'œuvre et un certain marxisme (nous nous référerons a ce propos au marxisme phénoménologique de Karel Kosik).