Abstrakt
La peur de l'Autre (de son comportement étrange, langue incompréhensible, gestes incongrus, traditions jugées inacceptables, corps menaçant) existe dans toutes les sociétés depuis longtemps. Les colonisateurs occidentaux employeaint délibérément cette peur dans leurs démarches impérialistes en Afrique. En
France, elle est devenue un aspect publiquement répandu et soutenu par des institutions diverses. On craignait la perte de la normalité du quotien dans la métropole entraînée par l'arrivée des colonisés moins civilisés, primitifs. On imaginait que les colonisés allaient détruire le style, le rythme de la vie occidentale. Les vagues migratoires du 20e siècle en France sont principalement le résultat des politiques coloniales dans le cadre desquelles la métropole
établissait les écoles coloniales, convertissait les colonisés au christianisme et interdisait leurs us et coutumes. Cette répugnance, ce racisme sont systématiquement décrits dans les romans subsahariens anticoloniaux des années 50. Les personnages des colonisateurs blancs y questionnent continuellement l'humanité des colonisés subsahariens, en soulignant leur incompatibilité avec le monde civilisé occidental qu'ils défendent en Afrique. Ce qui nous intéresse dans notre contribution c'est le point de vue des personnages colonisés qui se voient envahis par la vague migratoire européenne anéantissant en effet leur quotidien. Ces romans représentent l'Afrique fictionnelle issue de l'image réaliste de l'Afrique de l'époque de leurs auteurs décrivant ainsi le drame du colonisé. Ce drame repose sur l'imposition des valeurs étrangères censées bouleverser le système sociétal local. Nous comparerons la position du colonisé dépaysé dans son propre terroir et celle du colonisateur qui exotise l'Afrique en la rendant même étrangère a ses habitants. Autrement dit, nous observerons l'arrivée des Autres vue par ceux depuis la conquête coloniale considérés Autres.